mardi 15 mai 2012

Le premier ministre est tombé du ciel

Enfin, ce suspens insoutenable a pris fin. Jean-Marc Ayrault est donc, comme annoncé, notre nouveau premier ministre. Dès demain nous connaîtrons la composition du gouvernement.

J'avoue que je reste sur ma faim sur ce processus de nomination. Dans une démocratie ordinaire, respectueuse du choix des électeurs, une démocratie parlementaire, le choix du premier ministre et la composition du gouvernement fait l'objet de négociations entre les différents partis de la coalition gouvernementale. Je ne suis pas un expert mais j'imagine que même au Royaume-Uni, où il n'y a rarement une coalition, il y a tout de même des consultations importantes entre le parti au pouvoir et le premier ministre pressenti, dont le choix s'impose à la Reine.

Or, à quoi avons nous assisté ? François Hollande a démontré à quel point il était un président normal. Normal, selon les normes de la Ve République. Avant d'être élu, il s'est bien gardé de dire qui il nommerait premier ministre, même si les signaux envoyés étaient clairs. Tout le monde au PS a estimé comme parfaitement normal et légitime que "François" choisisse, sans en rendre compte à personne, qui logerait à l'hôtel de Matignon. A aucun moment, les instances dirigeantes du PS ne se sont réunies pour dire "voilà, Monsieur le président, avec tout le respect qu'on vous doit, on aimerait bien que ça soit unTel ou une uneTelle qui soit nommé(e) premier ministre". Et François Hollande s'est bien gardé de solliciter le PS en ce sens. Ou, même, concédons que François Hollande aurait pu dire à ses camarades socialistes : "j'envisage de nommer Jean-Marc Ayrault premier ministre, que celui qui a une objection parle maintenant ou se taise à jamais".

Bien sur, le PS ne sera pas le seul parti de la majorité présidentielle future (même si pour le moment, on n'a pas la certitude qu'il y aura une majorité présidentielle). Alors on aurait pu imaginer autre chose. Dans l'accord intervenu entre le PS et les Verts, il y aurait du y avoir aussi un accord sur le choix des femmes et des hommes qui allaient le mettre en œuvre. Histoire de mettre un peu la pression sur le futur président.

Bien sur, le PS n'est même pas certain d'avoir la majorité. Après le tout, le gouvernement qui sera annoncé demain n'est que provisoire. Il sera peut être remanié après les élections législatives. Il le sera certainement si la droite remporte les élections. Il le sera sans doute à la marge sinon

Mais enfin, était-ce trop demander d'un président normal, issu d'un parti qui est tout de même rétif à la présidentialisation des institutions de procéder autrement ? De demander dès le lendemain de son élection aux différents partis qui entendent participer, autour de lui, à son projet, de s'accorder sur le nom d'un ou de plusieurs premiers ministres (il aurait pu arbitrer, des négociations entre les partis et le président aurait pu s'engager) ? Qu'on négocie sur une équipe gouvernementale, fruit non seulement de la volonté d'un seul homme, mais aussi d'un accord entre les partis politiques qui vont composer la majorité parlementaire ? 

Apparemment, oui; c'était trop demander. 

Lorsque François Hollande déclamait "Moi, président de la République, je ne dirais pas de mon premier ministre qu'il est mon collaborateur", ses pratiques démontrent le contraires. Il le choisira et le révoquera comme n'importe quel membre de son cabinet.

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